La vie des résidents comme œuvre d’art

Le projet personnalisé du résident est un élément essentiel pour accompagner les résidents. Réalisé une fois par an, nous recueillons l’histoire de vie des résidents, ses habitudes de vie, ses souhaits, ses désirs, ses passions. Sa mise en place doit être réalisée dans les deux mois après l’accueil d’un nouveau résident. La psychologue rencontre le résident afin d’échanger autour de son histoire de vie et l’accompagnement adapté que nous pourrions lui proposés. Puis nous organisons une réunion pluridisciplinaire afin de réfléchir ensemble à un accompagnement personnalisé adaptée à chaque résident.

A l’occasion d’une de ces rencontres concernant une dame, une aide-soignante nous exprime qu’il est difficile de réaliser sa toilette. La famille de cette dame, nous avait informés que leur maman était née en Algérie. Dès le lendemain matin, l’aide-soignante a immédiatement parlé avec la résidente de son lieu de naissance, ce qui lui a permis de se sentir écouter, apaiser et de réduire considérablement le trouble du comportement d’opposition aux soins. Le réflexe du soignant a été de nous dire : « si je l’avais su plutôt, j’aurai pu réagir plus vite ».

L’idée d’une thérapie par la réminiscence a été une évidence. Mais quel support utiliser pour permettre aux soignants et aux résidents d’accéder à ces souvenirs si précieux ? Finalement, lors de nos réunions, les soignants ne voient plus au premier plan la maladie, les évaluations, les soins, mais apprécient découvrir l’histoire singulière de chaque résident. Nous avons évoqué l’idée d’une boite à souvenir, puis d’un cahier… Mais quel dommage de prendre le risque de perdre ou de ne pas utiliser ces informations uniques sur les résidents. La vie des résidents mérite d’être exposée, transmise, vue !

C’est de là que sont nés les tableaux personnalisés ! Les thérapies de moins en moins médicamenteuses sont d’une richesse inépuisable si l’on connaît bien les résidents. Soignants et résidents ont pris énormément de plaisir à échanger ensemble pour trouver les images qui résumeraient le mieux leurs gouts, leurs passions, leurs métiers. Des petits ateliers de collage et surtout beaucoup de bavardage ont pris vie dans chaque coin de l’unité protégée. Une dame nous a remerciés de l’avoir aidé « à se souvenir » Etre, c’est se souvenir.  

Les chefs d’œuvre ont vraiment commencé à vivre, le jour où nous avons installé dans la chambre des résidents « leur tableau de vie ». Beaucoup d’émotions, lorsqu’un Monsieur a installé avec l’homme d’entretien son œuvre où il avait pu y mettre une photo d’un départ de course. Un long échange sur la passion des courses hippiques a pu avoir lieu entre les deux hommes, avec cette simple image.

Nous nous permettons de reprendre le slogan d’une campagne de sensibilisation de la fondation Médéric Alzheimer, finalement « pour que ce ne soit pas le souvenir qui s’efface, mais la maladie ».

Avec le nombre de souvenirs que nous avons simplement fait émerger, ils nous restent beaucoup de thérapie non-médicamenteuse à réaliser : Un joli jardin thérapeutique grâce à nos résidents qui adorent les fleurs et le jardinage. Des sorties dans des restaurants aux multiples spécialités pour nos gourmets et pour notre résident fan de course, une soirée à l’hippodrome de Pont- de-Vivaux est prévue pour bientôt !